Tragique fin d’année à Toronto
Tragique fin d'année à Toronto
Cette histoire sera composé de 2 articles, ce premier article est composé de 3 parties, bonne lecture !
Partie 1 - Coup de cœur insolite
2017, l’une des pires années de ma vie !
Nous vivons tous des périodes compliquées et parfois cette période peut s’étendre sur une année entière.
Quand j’en parle encore aujourd’hui, je me questionne sur comment une année a pu être aussi atroce dans tous les domaines.
Quoique les années qui ont suivies n’ont pas été simple, mais à ce jour, quand je pense à 2017, j’en ai encore des frissons tant cette année m’avait malmenée sur le plan professionnel, physique, spirituel, amical, familial et émotionnel.
Et pourtant, cette année-là j’avais tout de même accomplis pas mal de choses dont je peux encore être fière. Mais les épreuves accumulées m’avaient éteinte au point de me faire peur moi-même quand j’ai réalisé un jour que je ne ressentais plus aucune émotion. Ni joie, ni peine, …j’étais vide…Une phase assez étrange avec laquelle j’avais fortement dû lutter et dont je sortais à peine depuis quelques mois.
Et si je me sentais aller mieux, je restais tout de même consciente de la fragilité de mon état.
Aussi, refusant de terminer cette année comme elle avait commencé, je flânais sur le net à la recherche d’inspiration pour une fin d’année loin de mon quotidien.
Je rêvais de décorations gigantesques et de guirlandes lumineuses, de chansons de fêtes, de paysages blancs, car je n’avais jamais vu la neige, et d’une ambiance plutôt américaine.
Toutefois, voulant changer des États-Unis, j’ai regardé plus haut sur l’atlas. C’était décidé, j’allais au Canada…mais où ?
L’idée de cette destination m’avait été insufflée par une fille que j’avais rencontrée lors de mon passage dans le Missouri. Émilie, m’envoyait régulièrement des photos du Canada et notamment du Québec où elle vivait. Toutefois, si le Canada m’intéressait, je ne me sentais pas encore l’envie du Québec, que j’irai certainement voir un jour…mais l’heure n’était pas venue.
Indécise et prise dans de longues réflexions, c’est alors que j’ai repensé à Gaby, un de mes amis qui avait fait ses études à Toronto. Pendant les années de sa vie là-bas, il ne cessait de m’en parler et de me bombarder de photos de lieux et choses que j’aimerais selon lui. Cela faisait déjà bien longtemps qu’il était rentré et nous n’en parlions plus, mais ce jour-là, en y repensant,
j’ai tapé « TORONTO EN HIVER » sur Google.
Sur mon écran de nombreuses photos se sont affichées et sur la plupart, ELLE apparaissait. Celle qui me ferait acheter mes billets dans la même semaine. Celle qui a été le déclencheur de toute cette aventure ; la CN TOWER.
Haute de 553 mètres, située dans le centre de Toronto et emblème de cette ville. Elle fut pendant 34 ans la plus haute tour du monde avant d’être dépassée par la Burj Khalifa en 2009.
Elle m’a semblée majestueuse, et il me fallait à tout prix la voir de près.
Partie 2 - Un voyage qui commence à peser
En cours de préparation, une de mes amies de l’époque et sa fille, avaient décidé de prendre part au voyage.
Après une adaptation quelque peu difficile à cause du froid et des petits tracas, nous avions vite trouvé nos repères et avions appris à nous déplacer dans cette grande ville.
Le système de bus de la ville est extrêmement bien organisé et peu cher. Nous en avons donc profité pour jouer les touristes et découvrir de nombreuses activités.
Entre les incontournables à faire comme voir la tour CN de près, monter découvrir son sol de verre en altitude, flâner dans les boutiques du centre à la recherche d’un chocolat chaud au Starbucks, visiter l’aquarium Ripley’s de nuit, ou aller faire du shopping à Dundas Square et à Eaton Center, l’un des trois plus vastes centre commerciaux du Canada…ou encore les insolites comme faire une immersion dans l’époque des chevaliers lors d’une soirée à Médiéval Times, ou visiter la Casa Loma, le château des X-Men…nous avions pas mal de choses pour nous émerveiller et profiter du séjour en découvrant cette ville…
En revanche, le froid canadien que nous n’avions jamais testé auparavant, et les températures avoisinant les -20 à -29 si ce n’est plus, demandaient énormément de courage et de ténacité pour oser sortir et aller à la découverte.
Une mentalité et une vision que nous ne partagions pas forcément toutes et bien que chacune tentait de faire l’effort pour l’autre, nous avions passé le réveillon de noël enfermées à l’hôtel, ainsi que la plupart de nos soirées d’ailleurs. Nous sortions tard en journée et l’envie de rentrer se réchauffer prenait vite le dessus sur l’envie d’aventures quand nous étions en extérieur.
Je commençais à trouver les temps à l’hôtel trop nombreux et trop longs et je redoutais d’y passer le réveillon du nouvel an, alors que cette ville allait, j’en étais sûre, proposer des choses extraordinaires pour le réveillon. Mais entre affronter le froid et le timing très court qui restait avant le jour J, je désespérais de trouver une bonne idée.
Assise sur la moquette de notre chambre à avaler des chips en regardant une série en anglais à la télé, dont je ne comprenais que très peu de mots…la pause publicité arriva, et ma réponse avec.
« The best event of the year is coming! Open Heaven!!!
Praise Time and Worship with Kirk Franklin…”
Trad: “Le meilleur évènement de l’année arrive ! Open Heaven ! Temps de louange et d’adoration avec Kirk Franklin…
Petite info pour ceux qui ne le savent pas. Kirk est un artiste qui a fortement marqué et impacté le milieu Gospel. Dans mon adolescence il a été l’artiste qui m’a fait aimer le gospel à l’américaine. A l’époque, avec l’ami qui me l’a fait connaître, nous nous disions qu’un jour nous irions à l’un de ses concerts.
C’était peut-être le moment…
J’ai proposé cela aux filles, nous étions d’accord, notre réveillon se passerait à ce grand concert. D’autant que l’entrée était gratuite, que de nombreux artistes de la scène gospel seraient là et que des bus avaient été mis à disposition par la ville afin d’acheminer qui voudrait gratuitement jusqu’au concert.
Partie 3 - On avait pourtant bien commencé
La journée avait été magnifique !
Portées par l’ambiance du nouvel an à l’approche, nous nous étions réveillées avec une pêche incroyable !
Ce jour-là, nous avions prévu une excursion qui était certainement celle que nous attendions le plus durant ce voyage ; la visite des chutes du Niagara.
Visite organisée, nous avons rejoint le bus et avons fait environ une bonne heure de route avant d’atteindre le village des chutes.
Tout mignon et cosy, Niagara on the Lake, était formidablement décoré pour nous accueillir. Nous avons visité un campus vinicole où j’ai bu les meilleurs vins glacés de ma vie à ce jour, puis nous avons déjeuner dans un restaurant juste au-dessus des chutes.
Nous avons été devant la grande barrière à quelques mètres de ce phénomène naturel immensément puissant et nous sommes également allées voir les tunnels sous les chutes afin d’entendre l’eau gronder. La neige et l’hiver n’ont rien ôté à la beauté de cet endroit que nous rêvions toutes de voir.
La journée se passait merveilleusement bien et nous étions plutôt contentes même si le froid était rude.
Cependant l’heure de notre départ approchait et nous ne partions toujours pas… Un rapide calcul commença à me faire douter que nous puissions revenir au centre de Toronto à temps pour attraper la navette du concert.
Ma déception fut à son comble quand nous avons pris les embouteillages du réveillon. Maintenant j’en étais certaine, nous avions raté la dernière navette.
Cependant, arrivées à la gare et sous les conseils de notre guide du jour nous avons trouvé un nouvel itinéraire à faire en bus et qui pouvait nous mener au concert. Il fallait tout de même faire vite car le service n’allait pas tardé à stopper pour le réveillon et ne redémarrerait que le lendemain vers 5h00 ou 6h00.
Décidées, nous sommes partis à l’arrêt attendre le premier bus de notre parcours. Nous sommes tombés sur le chauffeur qui nous a annoncé qu’il avait fini son service, mais, puisqu’il devait refaire le trajet à vide pour rentrer chez lui, il nous déposerait à notre prochain arrêt sans soucis et gratuitement. Mais alors que nous nous installions, les filles semblaient de moins en moins emballées par l’idée de ce réveillon, préférant retourner à l’hôtel. Ce qui n’était pas mon cas…
Si j’aime bien les réveillons cosys, cette année avait été pour moi une période horrible. J’avais passé la plupart de mon année à me terrer chez moi, dans une phase émotionnelle si complexe que même au milieu des personnes avec qui j’étais le plus à l’aise, je m’étais sentie seule, inutile, humiliée, inapte à ressentir quoique ce soit. Aussi, cette fin d’année, j’avais envie d’être loin, d’être dans un autre cadre, de me retrouver, de vivre quelque chose de différent, et ce concert, cette ambiance de fête où lâcher prise et chanter pour juste rendre grâce à Dieu pour les petites choses qui avaient tout de même pu égayer mon année était une nécessité.
J’en avais besoin ! J’avais eu besoin de ce voyage ! Besoin d’être concentrée sur autre chose que ce que mes yeux avaient vu pendant ces derniers mois. Besoin d’être déconcentrée de ce qui m’attendrait au retour. Et si cette année-là j’avais aussi eu l’opportunité de voyager, je m’étais, comme à ce moment, retrouvée à voyager avec des personnes certes merveilleuses mais avec qui je ne partageais aucunement la même vision du voyage. J’y avais perdu des jours et des jours à faire du shopping, ce qui ne me correspond pas et si j’avais au final réussis à proposer des choses pour nous faire découvrir autrement la ville que nous visitions, ce n’était pas sans peine.
Aussi, confrontée une fois de plus à la situation entre décider de faire ce dont j’avais envie ou me résigner à rentrer à l’hôtel une fois de plus…j’ai pris conscience que des personnes peuvent s’entendre bien mais ne pas forcément partager la même vision du voyage. Pire, un voyage peut rapprocher ou diviser des amis. Sauf si, chacun arrive à comprendre le besoin de l’autre et surtout à prendre les bonnes décisions au bon moment.
Ce soir-là, alors que nous étions déjà montés dans le bus, nous avons finalement décidé qu’il n’était en rien respectueux ni agréable pour aucune de nous d’imposer à l’autre sa décision.
J’avais des craintes qu’elles ne sachent pas se repérer seules pour rentrer à l’hôtel, mais nous avions fait ce trajet des tonnes de fois et elles le connaissaient. Nous nous sommes souhaité un bon réveillon et elles sont descendues.
Le chauffeur à démarrer et tout semblait se passer bien, quand j’ai reçu un appel des filles. Elles commençaient à douter que nous ayons fait le bon choix. J’entendis un bip étrange pendant que nous étions en ligne mais je ne m’en suis pas inquiété. Je tentais de les rassurer car elles s’inquiétaient de me voir prendre la route seule. Mais en raccrochant, je fus subitement prise d’angoisse.
Le bip que je venais d’entendre était celui de ma batterie de téléphone. Il signalait que j’étais à 10%. Je n’avais pas de chargeur externe, pas de câble, et le froid m’avait montré à quel point il pouvait bouffer en moins de deux une batterie de téléphone.
J’ai réalisé à ce moment que j’étais seule dans un bus avec un inconnu pour une destination que je ne saurai même pas reconnaître, que bientôt sans batterie, je ne pourrai plus me repérer avec Google,…Et alors que j’étais convaincue d’avoir fait le bon choix, je commençais à me demander si cette fois je ne m’étais pas trompée…
Mais de toutes les façons, il était déjà bien trop tard…