Seule à l’aéroport pour Noël
Seule à l'aéroport pour Noël
L’article est composé de 5 parties, bonne lecture et Joyeux Noël
Partie 1 - Un Noël morose
2015, le jour de noël.
Cette fête, ou plus précisément les fêtes de fin d’année ont toujours eu une importance
particulière pour moi.
En dehors de leurs origines, de l’aspect commercial et autres qui peuvent leur être attribués,
force est de constater que durant cette période le monde entier se conditionne à traverser
une fin de saison et à ouvrir une nouvelle.
Ces jours sont donc en général déclencheur d’une introspection plus ou moins importante
selon les individus mais elle est aussi l’occasion idéale pour chacun d’arrêter et d’ajuster
son planning afin de partager un temps d’exception avec sa famille,
ses amis ou ses compagnons d’œuvres.
Et si il est vrai que pour certains elle sera une période solitaire, il me semble tout de même
important de prendre le temps de marquer ce passage d’une façon ou d’une autre.
Qu’importe, ce temps des fêtes de fin d’année a toujours représenté pour moi un temps où
les mots famille, amis, amour, partage et gratitude sont à mettre à l’honneur.
Il était donc bien impensable pour moi de laisser ma famille le jour de noël.
Pourtant cette année là, je n’avais pas le cœur à la fête et même si avec ma famille nous
avions dîné ensemble pour le réveillon, je m’étais couché tôt prétextant vouloir être sûre
d’être à l’heure à l’aéroport pour prendre mon vol.
Préoccupée par les préparatifs du voyage, je n’ai pris conscience que j’abandonnais ma
famille qu’au moment de réellement leur dire au revoir avant d’embarquer. J’ai donc lâché un triste
« Et… joyeux noël… »
peu convaincant avant de me mettre dans la file avec les autres passagers, qui eux, allaient
rejoindre leurs familles pour passer noël ensemble.
Partie 2 - Prise dans une violente bataille intérieure
conférence missionnaire mondiale, l’une des plus grande d’ailleurs, aux États-Unis dans la
ville de Saint-Louis, non loin du Missouri.
C’était également ma première fois aux États-Unis et j’avais tout de même hâte d’y être.
Les garçons eux, grands habitués des USA, allaient, pour Céline et moi jouer un rôle
important de mentors durant ce voyage, mais à ce moment précis où j’embarquais, je ne le
savais pas encore. Je savais juste que je m’envolais avec des sentiments mêlés à la fois de joie, de tristesse,
d’appréhension et des questions en masse dans la tête.
Pourtant, j’avais fortement attendu ce départ et mes parents se réjouissaient pour moi que
je puisse enfin le vivre. Je savais que ce voyage pouvait être surprenant mais je n’imaginais
pas à quel point. Au fond de moi en y repensant, je crois que j’en attendais beaucoup
inconsciemment. Mais sans pouvoir expliquer pourquoi à ce moment je commençais à
douter et à culpabiliser en me disant que ce n’était peut-être pas le moment de vivre cela
et que peut-être que n’étant pas disposé, je ne réussirai pas à profiter de ce voyage.
Je traversais une période assez étrange dans ma vie, et j’attribuais donc mon état
psychologique du moment à cela. En pleine réorganisation dans vie professionnelle
et dans mes activités bénévoles, j’avais fait le constat qu’en me consacrant autant à ces deux
domaines de ma vie, j’avais accompli peu de chose dans ma vie personnelle. J’étais très
investi dans bien des œuvres mais j’avais grandement délaissé mes rêves et m’étais négligé
dans bien des choses. J’étais très satisfaite de ce que j’avais pu accomplir durant toutes ces
années mais persuadée qu’il y avait une juste mesure que je n’avais pas trouvé et je
ressentais un fort sentiment de non accomplissement.
Partie 3 - Coincée dans un aéroport le soir de noël
puis 3h de vol pour New York. En y repensant aujourd’hui et quand je vois les trajets déjà
effectués, c’est plutôt ce que j’estime, aujourd’hui, être un court trajet…
Arrivée à JFK en début de nuit, après avoir récupéré nos bagages, nous avons trouvé
refuge dans un snack au sein de l’aérogare. Il était convenu que nous devions passer la nuit
à l’aéroport en attente du prochain vol, le lendemain, qui nous mènerait à Saint-Louis pour
la conférence, et les garçons nous ont annoncé que ce serait notre QG pour la nuit.
Céline et moi nous sommes regardés et avons souris sans savoir si nous trouvions cela
étonnant, génial ou complètement inquiétant ne sachant pas comment nous ferions pour
tenir une nuit entière posé sur nos chaises.
La nuit peut sembler très longue quand on est juste dans l’attente de son prochain vol sans
rien pour nous occuper l’esprit ni un endroit confortable où dormir.
En réalité nous savions que nous n’avions pas réellement le choix. La conférence
commençait le 27 décembre. Nous avions difficilement trouvé des places et de bons tarifs
pour nos vols ce qui a d’ailleurs motivé notre départ le jour de noël où nous avions trouvé
quelques disponibilités pour l’ensemble du trajet. Pour les hôtels, la plupart étaient remplis
et les chambres encore libres étaient extrêmement couteuses pour juste une nuit.
Il faisait extrêmement froid et une virée dehors nous a semblé une mauvaise idée.
Personnellement, cela m’aurait plu, mais à cette époque je ne m’imaginais pas encore faire
ce genre de choses seule.
Pour nous occuper, nous avons commencé par faire le tour des magasins de l’aéroport
avant qu’ils ne ferment, puis nous sommes retournés au snack pour diner et prendre des
provisions pour les prochaines heures avant que le personnel ne s’en aillent en nous
souhaitant joyeux noël et bon courage pour la nuit.
D’autres passagers se préparaient également à cette aventure d’une nuit dans cet aéroport
et j’ai trouvé cela rassurant que nous ne soyons pas les 4 seules personnes à attendre notre
vol du lendemain.
Nous avons commencé par regarder des films, et puis nous avons craqué l’un après l’autre
faisant à tour de rôle des siestes tandis qu’au moins 2 d’entre nous restaient éveillés à
discuter et surveiller les bagages.
Je pensais encore fortement à ma famille que j’avais laissé et j’avais du mal à être sereine
par rapport à ce voyage.
Partie 4 - La rencontre qui a tout changé
A un moment de la nuit, mes pensées prenaient de plus en plus de place, et j’avais besoin
de me retrouver seule avec moi-même pour les calmer car je sentais que si je ne le faisais
pas et que j’allais plus loin dans ce voyage avec cet état d’esprit, je risquais de ne pas
pouvoir en profiter pleinement.
J’ai donc prévenu mon amie, et je me suis levée. J’ai marché seule dans cet aéroport au
milieu des passagers endormis çà et là à même le sol. Ayant trouvé un coin vide et assez
éloigné de mes amis, je me suis assise pour réfléchir.
Il n’a fallu que quelques secondes pour que je ne puisse plus profiter de cette solitude. Une
jeune fille, certainement américaine, est arrivée bruyamment en traînant sa valise et en la
lâchant avec négligence au sol et s’est installée à moins d’un mètre de moi.
Elle parlait fort au téléphone et si sur le moment son arrivée m’a fortement agacée, je n’ai
pas pu m’empêcher d’entendre ce qu’elle disait.
J’ai compris qu’elle parlait certainement à une amie ou peut-être à sa mère…et elle disait
qu’elle ne tenait plus pendant la fête. Qu’elle n’avait pas arrêté d’y penser et qu’elle savait
qu’elle devait faire ce voyage et qu’elle aurait dû le faire depuis bien des années mais qu’elle
avait manqué de courage. Elle disait qu’elle était désolée d’être partie aussi vite mais qu’elle
avait enfin sentit qu’elle avait le courage de s’accomplir et qu’il était temps aussi pour elle de
vivre pleinement celle qu’elle était. Elle disait « Je ne sais pas ce que cela m’apportera mais
j’en suis sûre je vais vivre de belles choses et pour le moment c’est tout ce qui compte ».
A ce moment je crois qu’elle a réalisé ma présence, elle m’a regardé, j’ai souris. Elle s’est
éloignée pour finir sa discussion et en revenant elle m’a simplement demandé si j’attendais
mon vol et à quelle heure. Je lui ai dis qu’il était prévu dans plusieurs heures en pleine
matinée. Le sien était imminent.
On s’est regardé pendant quelques secondes sans rien dire de plus et je n’ai pas osé la
questionner sur ce que j’avais entendu, mais elle m’a souhaité bon voyage en me disant «
Profite de l’instant présent. Parfois on se pose trop de questions, les réponses viendront
mais profite de l’instant présent parce que lui il n’arrive qu’une fois. Bon voyage ! »
Elle est partie aussi bruyamment qu’elle était arrivée. Mais à son départ, j’ai eu cette
impression qu’elle avait éteint le bruit intérieur qui résonnait en moi. Je me suis levée et je
suis retournée auprès de mes amis.
Ce soir-là, nous avons décidé de notre programme pour les prochains jours
et notamment ceux après la conférence.
Partie 5 - Le poids des mots d’une étrangère
J’étais loin d’imaginer que durant ce voyage, j’aurai vécu une nuit complètement improvisée
à me balader sans but réel avec mes amis au cœur de la ville de Saint-Louis où nous avons
rencontré un homme qui se prenait pour Jésus et nous a bénit, où nous nous sommes
baladé dans un magnifique parc mais où nous avons dû courir pour lutter contre le froid en
rouspétant autant que nous avons pu avoir des fous rires, que j’irai dans un bar à jazz
comme dans les films où l’entrée se paie en glissant les billets sous la veste du videur juste
pour boire un verre et que j’aurai finis cette folle nuit à 2h du matin à manger une pizza dans
un snack pour le 1er jour de l’année 2016 et que ce serait l’une de mes plus belles nuits envoyage.
J’étais loin d’imaginer que durant ce voyage je ferai une rencontre avec une fille lors de la
conférence avec qui j’aurai l’un des échanges les plus marquants partagé avec une
étrangère qui partage ma foi et qui en me laissant m’aurait bénie.
J’étais loin d’imaginer que je vivrai durant ce voyage mon tout premier match de basket à
Miami et que j’aurai kiffé cela et qu’en plus l’équipe que nous soutenions gagnerait
« Let’s Go Heat !! ».
J’étais loin d’imaginer que j’aborderai un monsieur à Miami pendant une diffusion ciné en
plein air juste pour lui demander le titre du film et qu’il nous aurait invité à nous asseoir avec
lui et à nous servir dans sa glacière.
J’étais loin d’imaginer ce que ce voyage allait réveiller chez moi ni le nombre de choses que
j’allais vivre, mais cette fille avait raison ! Ce soir-là à l’aéroport quand j’ai fait ce choix de me
consacrer à profiter de l’instant présent, j’ai pu profiter de chaque étape de ce voyage et j’ai
eu sur le chemin, des réponses à de nombreuses questions.
Et ce voyage fut déterminant pour moi car de là j’ai trouvé le courage comme elle
certainement, d’oser vivre et être (pas totalement, j’y travaille encore…) celle que je suis.
C’est d’ailleurs aussi de ce voyage qu’est venu ma décision de faire une année sur deux,
une fin d’année au pays (Ma Martinique) et une ailleurs dans le monde.
C’est ainsi qu’en 2017 je suis partie à Toronto voir ma première neige et que j’ai vécu un
réveillon du nouvel an quelque peu insolite. Une nuit qui aurait clairement pu être une
tragédie et m’empêché d’être présente pour vous écrire…mais ça c’est une autre histoire…
Pour le moment profitons simplement de l’instant présent et rendez-vous au prochain article.